Lettre à un jeune poète – R. M. Rilke
Nous sommes situés dans la vie qui est l’élément auquel nous correspondons le mieux, et nous sommes, en outre, devenus semblables à cette vie grâce à une adaptation plurimillénaire, au point que, lorsque nous restons immobiles, nous sommes à peine discernables par rapport à tout ce qui nous environne en raison d’un curieux mimétisme.
Nous n’avons aucune raison d’éprouver de la méfiance à l’égard de notre monde, car il n’est pas tourné contre nous.
S’il recèle des peurs, ce sont nos peurs, des abîmes, ils sont nôtres ; présentent-ils des dangers, nous devons tenter de les aimer.
Et si seulement nous faisons en sorte que notre vie soit commandée par le principe qui nous enjoint de nous en tenir toujours à ce qui est difficile, ce qui nous semble encore le plus étranger deviendra bientôt ce qui nous sera le plus familier et le plus cher.
Comment pourrions-nous oublier ces vieux mythes où les dragons se transforment en princesses à l’instant crucial ; peut-être tous les dragons de notre vie sont-ils des princesses qui attendent que le moment de nous voir un jour beaux et courageux.
Peut-être tout ce qui est effrayant est-il, au fond, ce qui est désemparé et qui requiert notre aide
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